Je suis devenue une fille dans la moto dès lors que j’ai eu l’âge de passer mon permis 125 à 16 ans. Et c’était officiel, le deux roues devenait une véritable passion. Avant cela, plus jeune, j’ai passé beaucoup de temps en scooter et à moto, assise derrière mon Papa ou des amis, mais aussi derrière mon frère qui avait une Yamaha XT600 supermotard. Et à l’époque la sortie de l’année était les 24 heures du Mans. Je ne manquais aucune édition pour rien au Monde. Des moments tellement intenses … Et je vouais une certaine passion pour les courses d’endurance. À 3h du matin, je disais à mon père « Viens on va voir au garage vert ». Et j’y restais des heures, à regarder tous ces pilotes tourner à fond, avec des étoiles plein les yeux. Je me disais qu’un jour je serais de leur côté. Quand arrivait le moment de repartir du circuit à la fin de la course, je versais ma larme, à chaque fois. Mais aussitôt rentrée à la maison, je me précipitais dans toutes les librairies et magasins de presse pour acheter tout ce qui pouvait parler des résultats des 24H du Mans. Je faisais même des exposés ! J’achetais des cahiers porte documents, et j’insérais dans les pochettes plastique mes articles découpés que je collais avec soin sur une page. Je faisais ça en perm au collège, et je me souviens un jour avoir entendu : « elle est bizarre cette fille ».

Seule fille engagée aux 24H moto de Barcelone et un podium

La course moto des 24 heures du Mans, le grand rassemblement des motards

Les courses de 24 heures, à l’époque c’était complètement dingue ! Il y’avait des types qui arrivaient avec des voitures chargées de moteurs de moto. Des moteurs destinés à être détruits par une utilisation extrème. Enfin il n’y avait pas que des moteurs, mais aussi des motos qui ne survivaient pas aux mains de leur propriétaire. C’était comme une sorte de compétition, des jeux à qui produira la flamme la plus longue en sortie d’échappement … C’était toujours des week-ends très sport, tant sur la piste que dans les zones de campement aux alentours. À cette époque, on peut pas dire qu’on voyait beaucoup de filles à moto, elles étaient plutôt des passagères, ou encore celles qui conduisaient la voiture avec le matériel. Les rares femmes étaient évidemment beaucoup regardées. Le peu de filles roulaient avec des grosses motos, genre sportive. Et oui, avant, pas trop de petites motos, mais plutôt des machines assez viriles.

Quand j’ai eu l’âge, ce n’était pas la voiture ni le vélo qui m’intéressaient, c’était toujours les deux roues motorisés … J’ai alors quitté le scooter pour passer mon permis moto 125, quand j’étais jeune, à l’âge de 16 ans. J’était à ce moment la à fond dans ma passion. Pluie, orage, soleil, vent, je roulais par tous les temps. Rien ne m’arrêtais, pas même la tempête de 1999. Je rêvais de partir en voyage à moto. Je suis partie avec mon frère et ses amis pour plusieurs jours en Normandie. Ça a été une révélation puisque je ne pensais ensuite qu’à repartir. Peu importe où, mais il fallait que je roule. Je rêvais de virages avec ma petite moto Honda 125 NSR. Mes amis motards roulaient, eux, avec des motos de grosses cylindrées car ils étaient plus âgés que moi. J’ai roulé à 16 ans avec leurs grosses motos pour la première fois, bien que je n’y étais pas vraiment autorisée … Des motos de type Honda CBR 900 Fireblade et CBR 600, Suzuki GSXR 1100, GSXR 750 (mon frérot), Kawasaki ZX7RR … Ils roulaient sur la route mais aussi en motocross. J’aimais le cross mais ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard que je me suis mise au tout terrain.

Être une fille en compétition moto

J‘ai commencé à courir il y’a 20 ans dans des courses où j’étais la seule fille en compétition au milieu de ce monde d’hommes. J’ai été très agréablement suprise par l’entraide et recevais beaucoup d’encouragements de leur part. J’ai toujours été plutôt bien accueillie dans ce monde de motards. Tout comme une amie, Patricia Audebert, surnommée « Paty », qui à l’époque courait aussi qu’avec des gars, au guidon de motos de courses. Aujourd’hui elle partage régulièrement sur les réseaux sociaux ses photos de l’époque des années 1970. Je trouve ces images fantastiques ! Pas froid aux yeux, à fond !!

Tout comme les motos, les vêtements moto femme ont beaucoup évolué avec le temps, et c’est tant mieux. C’est vrai qu’avant, c’était pas très sexy de porter des vêtements homme pour faire de la moto. Maintenant ils sont devenus très mode de part la coupe, le style, les coloris parfois girl (y). Il fallait donc s’y pencher avec pertinence. Les équipementiers s’y sont donc intéressés, comme les constructeurs, y compris dans le marché des voitures. Les milieux se féminisent. Et il n’y a qu’à voir le nombre d’inscriptions des filles sur les permis moto qui n’a sans cesse progressé ces dernières années. Aujourd’hui les femmes font des enfants un peu plus tard qu’à l’époque et donc profitent pour faire plus activités, notamment rouler à moto.

On peut voir cette évolution des femmes dans le milieu moto grâce aux réseaux sociaux actuellement, et ce dans de nombreux pays. Fini la photo de la femme posant en maillot de bain, petite lingerie, talons hauts et veste de cuir noir sur la moto. Ou encore la jeune fille sexy réparant des crevaisons au bord de la route … Evidemment on voit toujours des portraits de ce style mais aujourd’hui les filles sont beaucoup plus dans l’action et ont beaucoup à apporter au milieu. On voit aussi de plus en plus de couples qui partagent cette même passion pour la moto.

On retrouve le portrait de nombreuses motardes à travers des milieux tels que :

  • la moto vintage, le motocross, la vitesse, l’endurance, l’enduro, le flat track

  • le monde des voyages aventure par le partage d’un blog

  • le team de course

  • le commerce, motorcycle management et marketing moto

  • la mécanique moto

  • le sport moto

Être une fille à moto, c’est comme tout, il y a des avantages et des inconvénients. Mais avant tout la passion de la moto est une source d’inspiration. Elle est également synonyme de liberté et d’évasion. Elle permet de rassembler des gens de toutes catégories socio professionnelle, de tout âge, venus de tous horizons. La moto peut soigner de nombreux maux !! Et dans la famille, il n’y avait pas seulement qu’une fille à moto mais deux, puisque ma soeur a été touchée de plein fouet par cette passion et est devenue aussi une « bikeuse » 🙂