Road trip moto au Laos
Tout comme mon road trip en Mongolie, découvrir le Laos à moto fut quelque chose d’unique. Les petites machines de type Honda 250 4 temps permettent de rouler à la fois sur la route qu’en tout terrain. On peut aussi rencontrer parfois des Yamaha, mais elles se font un peu plus rares. Le scooter y est aussi beaucoup utilisé, et même parfois sur les pistes ! La moto est donc le meilleur moyen de s’introduire dans les contrées profondes. Ça permet ainsi de rencontrer les locaux dans les villages reculés. Le guide local, Yee, est là pour m’épauler sur les différents road trip organisés avec des clients. Peu de personnes parlent l’anglais, ici on parle le Lao. Il est donc nécessaire d’être accompagné par un local qui saura traduire nos échanges avec la population, mais aussi gérer d’éventuels litiges quant aux autorisations de passages sur les pistes.
Un peu de géographie : le Laos est un pays coincé entre le Cambodge au sud, le Vietnam à l’est, la Birmanie et la Chine au nord, et la Thaïlande à l’ouest qui lui fait frontière avec le fleuve du Mékong. Après un départ de Marseille via Paris, je me suis envolée pour Vientiane, la capitale du Laos, en transitant via Hanoï en Thaïlande.
Une petite parenthèse pour commencer. En attendant mon groupe de participants, je me balade dans Vientiane. Je ne suis pas dépaysée puisqu’à ma grande surprise, je découvre qu’ici on distribue du beurre demi sel de Bretagne. Assez incroyable puisque les Bretons, à cette même période, faisaient face à une pénurie de beurre. Nous prenons possession des motos de location et nous partons en direction de Paklai. Avant le grand départ, Yee, notre guide local nous offre, à chacun, un petit bracelet blanc en laine en guise de porte bonheur. Nous partons donc sereinement, surpris par cette délicate attention. Une première journée découverte où nous quittons la ville pour s’insérer progressivement dans la jungle par les pistes. À Paklai, nous sommes de suite dans le bain pour ce premier dîner avec, au menu, quelques vers frits et autres sauterelles, cuisinés avec une sorte de feuille de citronnelle. La nuit est bonne et le chant des coqs nous sort du lit.
Le centre des éléphants au Laos
L‘étape éléphants touche à sa fin et nous reprenons la route, ou plutôt la piste pour gagner Luang Prabang. En chemin, nous prenons des vitamines en s’arrêtant près d’un champ d’ananas. Nous avons la chance d’y rencontrer le paysan qui nous fera déguster quelques uns de ses ananas. On repartira même avec des ananas sur le porte bagage des motos, enroulés de tendeurs. Je me souviens aussi avoir traversé des champs de bananes démesurément grands, un projet chinois apparemment … Le midi, nous arrivons au restaurant. Nous nous débarrassons des casques, des bottes, des sacs pour aller marcher en forêt sur de jolis sentiers. Une surprise nous attendait à quelques centaines de mètres de la. Effectivement, une magnifique cascade nichée entre de gros blocs de roches.
Le soir, nous faisons escale à Luang Prabang, un lieu très convoitée par de nombreux voyageurs. Située au Nord du Laos, on la nomme « le royaume du million d’éléphants » et compte parmi le patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous croisons beaucoup de moines en raison d’un grand nombre de temples bouddhistes et monastères. Après une petite boucle à pied pour un tour de ville, nous avons le plaisir de dîner de l’autre côté de la rivière Nam Khan. Pour cela, nous traversons un pont de bois, un peu comme ces ponts de singe que nous traverserons plus tard avec nos montures.
Nous finirons la soirée en faisant un petit tour à pieds sur le marché nocturne dans les rues très animées de la ville.
Traverser les villages du Laos à moto
Le jour suivant en direction de Viengthong est une journée très montagneuse, nous traversons de nombreux petits villages. Avant de s’engouffrer dans les montagnes, nous nous arrêtons dans une petite échoppe. Ma curiosité l’emporte, je me laisse tenter pour goûter de bon matin une viande grillée, vraisemblablement un animal de la famille du rat. C’était bon. Un peu plus loin, nous découvrons un groupe de femmes tissant de la soie.
Nous en profitons pour acheter de jolis foulards et écharpes. C’est reparti, et cette fois, c’est au coeur des montagnes que nous découvrons des villages peuplés de nombreux enfants. Nous nous arrêtons faire une pause au coeur du village pour réparer le pot d’une moto qui donnait signe de fatigue.
Nous attirions la curiosité des enfants arrivés en nombre autour de nous. Nous avons fini par une partie de foot avec eux sur un terrain vague, un peu désavantagés avec nos tenues et bottes de tout terrain. Quel incroyable souvenir … Nous continuons sur les pistes traversant des montagnes qui me font penser à certains paysages des Cévennes.
Plus tard nous gagnons notre hébergement à Vienthiong, un petit village aux sources d’eaux chaudes.
Les ponts de singe du Laos à moto
Nous poursuivons le voyage le lendemain pour Phônsavan. À peine partie, je suis stoppée au bord de la route par des locaux qui me proposent d’embarquer sur la moto quelques bananes du jardin. J’accepte volontiers, surtout que les petites bananes du Laos sont les meilleures que j’ai jamais mangées. En chemin, elles sont un peu bringuebalées car nous empruntons une petite piste mono trace à travers la jungle. Nous sommes stoppés net par une rivière qu’il faudra traverser par un pont de singe. Un pont de singe est une sorte de passerelle suspendue, avec ou sans main courante, et fabriqué à la main par les locaux. Il est constitué de planches en bois, parfois manquantes, et n’a aucune construction rigide en son centre. C’est pour cela qu’à moto, la traversée est parfois complexe selon la longueur du pont, et il faut impérativement passer un par un. Si on a le malheur de partir un peu vite et provoquer un mouvement, ce dernier est démultiplié sur toute la longueur. Il faut être un peu équilibriste, et donc agile comme un singe. Ces ponts sont parfois détruits par la forte montée des eaux en saison des pluies. Ici ce ne sont pas les eaux turquoises de Corse mais plutôt des eaux marrons chargées d’alluvions. Après une journée de navigation à travers des exploitations de rizières, nous poserons bagages à Phonsavane.
Le lendemain débutera par la visite de la plaine des jarres. Un plateau d’à peine 1000 km2 parsemé de jarres antiques. Une infime partie se visite car le site est considéré trop dangereux en raison de bombes non désamorçées aujourd’hui. En effet, ce site a été l’un des plus bombardés durant la guerre du Viet Nam. Les jarres pèsent de 500 kilos à 6 tonnes et représentent encore actuellement une grande énigme. Elles peuvent contenir jusqu’à 10 personnes debout pour les plus grandes d’entre elles. Selon quelques théories, peut-être servaient elles de garde manger, de stock d’eau, d’urne funéraire, de cuve de fermentation à la production d’alcool … Un grand mystère. Nous reprenons la route en étant un brin déconcentrés par ce que nous venions de voir. Nous changeons d’ambiance en arrivant le soir à Paksan, une petite ville située au confluent de la rivière Sane et du Mékong. Nous dînons dans un bar musical où se produit un groupe réputé Laotien. Faisant parti d’un groupe de musique en France, je me retrouve catapultée sur la scène pour chanter avec eux un morceau des Cranberries. Je n’aurai pas imaginé une seconde me retrouver à chanter au beau milieu du Laos. Un partage extraordinaire 🙂
Avant dernière partie de l’itinéraire, nous partons pour le village de Bankeune et traversons le parc national de Nam Mang. Les paysages sont sublimes. Une végétation dense et beaucoup de bambous donne l’impression d’être les premiers à passer par la. Un vrai terrain de jeu avec nos petites motos. Nous faisons une pause déjeuner chez des locaux mais pas très longtemps, un long après-midi nous attendait. La piscine de l’hôtel le soir était la bienvenue …
Nous démarrons les motos ce matin la pour la dernière ligne droite du séjour, retour à Vientiane, la capitale du Laos. Quelques kilomètres à peine et nous embarquons sur un bac qui nous fera traverser une rivière. Les kilomètres qui suivront nous feront transpirer. Nous passons du temps sur les pistes car certaines sont difficilement praticables. Il suffit qu’il pleuve un peu pour rendre difficile le passage … La récompense nous attendait quelques dizaines de kilomètres plus loin. Un « bateau resto » sur lequel nous déjeunons tout en naviguant. Il y’en a plusieurs accostés sur le quai. Sur ces bateaux, on retrouve de grands écrans sur lesquels défilent des chansons; les Laotiens sont de grands fans de karaoké. Un bon repas, une petite sieste au fil de l’eau et nous remontons sur les motos pour terminer ce road trip, ou plutôt cette fabuleuse aventure.
J’ai fait cet itinéraire deux fois, un bonheur puisqu’on ne voit pas forcément les mêmes choses lors du second road trip. J’aimerais retourner au Laos mais pour découvrir cette fois le sud du pays où se trouve la célèbre piste Hô Chi Minh. Longue de 2000 kms le long de la chaîne de montagne Truong Son, elle a servi pendant la guerre d’Indochine et la guerre du Viet Nam au ravitaillement de nourriture et matériel.
Un road trip moto au Vietnam est aussi une aventure que j’aimerais ajouter à mes carnets de voyage, le Cambodge également 🙂
La rencontre et le partage avec les Laotiens feront partie des gros points forts de cette aventure. Et ce centre des éléphants qui mérite vraiment le détour. Également les parcours variés, sans oublier la nourriture; soupes, riz, poissons grillés, poulets, boeufs, légumes et autres insectes et lombrics grillés …